Jardins Passions

Mars 2024

Les insectes exotiques de nos jardins par Vincent Cleenewerck du jardin du Val d'Yser.

On parle souvent d’espèces exotiques envahissantes (EEE) à propos de plantes invasives, mais nos jardins sont  fréquentés aussi par quelques espèces exotiques d’animaux, et notamment d’insectes. Pour certaines d’entre elles, il est difficile d’évaluer l’impact sur la faune et la flore locales, pour d’autres, les effets sont flagrants.

Prenons quelques exemples communs pour illustrer ce propos. La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) a été importée de Chine, il y a plusieurs décennies et introduite volontairement dans les cultures en Europe pour lutter contre les pucerons, considérée ainsi comme un auxiliaire. Les promoteurs de cette méthode biologique ne se doutaient pas que cette coccinelle s’acclimaterait aussi facilement. Elle est aujourd’hui très commune et on peut la rencontrer sous plusieurs aspects. Certains observateurs craignaient, il y a quelques années, qu’elle ferait de la concurrence à nos espèces de coccinelles aphidiphages (mangeuses de pucerons) indigènes, en consommant une partie de leurs ressources, voire les coccinelles elles-mêmes, mais il semblerait qu’elles cohabitent aujourd’hui sans trop de dommages.

La punaise diabolique (Halyomorpha halys) est sans doute arrivée clandestinement, d’Extrême-Orient, elle aussi. Comme la coccinelle asiatique, on la rencontre parfois dans les maisons, en hiver, car elle hiberne volontiers chez les humains. Il ne faut pas la confondre avec la punaise de lit, dont on a beaucoup parlé mais qui n’a pas du tout les mêmes mœurs. Durant la belle saison, la punaise diabolique se nourrit, tout comme sa progéniture, en suçant la sève de différentes espèces de plantes, dont parfois des fruits et des légumes. On lui reproche justement de s’attaquer aux fruits, auxquels ses piqûres pourraient provoquer des déformations, voire l’avortement, et aussi la transmission de parasites d’une plante à l’autre (virus, mycoplasmes…).

Le frelon asiatique (Vespa velutina) est originaire de la même partie du monde. On dit qu’il est arrivé en France par bateau, avec une cargaison de poteries, en 2004. Il est maintenant répandu dans toute la France et commence à envahir les pays voisins. Il vit en colonies dans de gros nids, souvent accrochés dans la frondaison des grands arbres et perceptibles après la chute des feuilles. Mais des nids ont aussi été découverts dans des arbustes, des haies, des bâtiments, ou même dans le sol ( ?). Comme la plupart de nos guêpes sociales, seules les reines fécondées passent l’hiver et fondent de nouvelles colonies au printemps. Ces insectes sont voraces et recherchent des sources de protéines en été pour nourrir leurs larves. Ils s’attaquent alors à tout ce qu’ils peuvent transporter, et nos abeilles mellifères deviennent des proies faciles. Ces frelons constituent une menace de plus pour les apiculteurs et leurs élevages. Ils peuvent aussi s’attaquer aux fruits et dévaster une récolte de raisons en fin de saison. De plus, ces animaux peuvent être dangereux pour l’homme.

Enfin, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), encore une asiatique, a fait son apparition en France au début des années 2000. C’est un petit papillon noir et blanc, assez discret. Les chenilles ne se nourrissent que de buis, mais depuis quelques années, elles ont envahi toute la région en faisant de gros dégâts dans ces plantes. Beaucoup de gens ont renoncé à traiter leurs arbustes et les ont perdus, car plusieurs attaques successives de ces larves aboutissent à la mort des plantes par épuisement. Certaines populations de buis sauvages ont d’ailleurs été très endommagées également.

Une régulation s’impose, au moins pour les deux dernières espèces citées, même si on ne peut pas envisager de les éradiquer, car elles sont déjà trop répandues. Il existe des pièges sélectifs pour les frelons, qui permettent de capturer des reines fondatrices au début du printemps, avant qu’elles ne fondant de nouvelles colonies. Et on peut utiliser des remèdes pour limiter les attaques de pyrales, par exemple en traitant les buis avec des solutions à base de Bacillus thuringiensis. Ce produit n’est pas nocif pour les animaux autres que les chenilles.  
                          Vincent Cleenewerck

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